TON POÈME
Cécile Coulon
C´est un poème riche
en images,
pauvre en divertissements.
Rassure-toi. Il ne dure pas longtemps.
Il ne reste pas. Il est plus légère qu´un
sanglot,
plus fin qu´une tige de coquelicot.
Il ne demande rien parce qu´il n´a pas de
langue
ni de gorge. Il ne possède pas
ce que nous avons la chance d´apprendre
dans les sous-sols de ce château en
ruines
que nous appelons «enfance». Alors il
marche,
bien encore après sa propre fin, en
silence,
courbé sur lui-même comme un long
sucre d´orge.
c´est un poème plus
vieux que la mer,
plus lourd que les volcans, puis qu´il
était vivant
bien avant que je commence á l´écrire. D´autres
sont passés là ;
avec leurs soleils intérieurs
ils ont bâti des
monuments, tu ne t´en souviens pas.
Rassure-toi. Tu n´es pas obligée de nous
suivre.
avec ou sans toi nous cheminerons
ensemble,
une main de chair dans une autre de pluie
à mesure que les nuages
au-dessus des collines se rassemblent.
C´est un poème sans conséquences.
Il traverse des villes endormies
et des campagnes meuglantes.
Il ne cherche pas la bonne direction,
il ne s´inquiète pas s´il faut revenir en
arrière,
il trouvera sans doute les outils
adéquats
pour creuser sa propre tombe.
Rassure-toi. Il est habitué, il sait ce
qu´il doit
faire quand il est seul à brûler.
Sur son passage, les
chiens refusent d´aboyer.
C´est un poème qui ne renonce pas. Plus chaud
qu´une robe de laine
sur une peau blanche,
plus solide que la toile d´une vieille
araignée.
Il se lève tôt, à l´heure où les écoliers
rêvent
qu´on est encore dimanche.
Rassure-toi. Tu n´as rien à craindre
sinon ta propre fièvre.
Il ne cherche pas à contenir la sienne.
Il ne prend pas d´importantes décisions.
C´est un poème déchiré, peureux,
qui se mouche dans ses draps.
Rassure-toi.
Il ne fonctionne pas, c´est à peine s´il
respire.
Pourtant, je sais, parce que je l´ai déjà
surpris,
quand il me croyait loin, malade ou
endormie :
le soir, dans l´ombre, il cache les
miettes
de ta bouche dans les plis de ses
manches.
TEU
POEMA
É um poema rico em imagens,
pobre em
divertimento.
Tranquiliza-te.
Não dura muito tempo.
Não
permanece. É mais ligeiro que um soluço,
mais fino
que um talo de papoula.
Não pergunta
nada porque não tem língua
nem
garganta. Não possui o que nós
temos a
sorte de aprender no sótão
desse
castelo em ruinas chamado de «infância».
Então ele caminha,
bem, ainda depois do seu próprio fim, em silêncio,
curvado sobre si mesmo como uma longa
cana de açúcar.
É um poema mais antigo que o mar,
mais pesado que os vulcões, já que ele estava
vivo
muito antes de começar a escrevê-lo. Outros
passaram lá; com seus sóis interiores
Eles construíram monumentos, tu não se lembras
deles.
Tranquiliza-te. Tu não precisas nos seguir.
com ou sem ti caminharemos juntos,
uma mão de carne em outra de chuva
como as nuvens
acima das colinas se reúnem.
É um poema sem consequências.
Atravessa por cidades dormidas
repletas de pessoas
procurando a direção certa,
não se preocupa se tiver que voltar,
sem dúvida encontrará as ferramentas adequadas
para cavar sua própria sepultura.
Tranquiliza-te. Está acostumado, sabe o que tem
que fazer
quando estiver sozinho para arder.
A passar, os cães se recusam a latir.
É um poema que não desiste. Mais quente
do que um vestido de lã sobre pele branca,
mais forte que uma velha teia de aranha.
Ele acorda cedo, na hora
em que os alunos sonham
que ainda é domingo.
Tranquiliza-te. Não há
nada a temer
exceto sua própria
febre.
Ele não tenta conter os
seus.
Ele não toma decisões
importantes.
É um poema desgarrado e poroso,
que assoa o nariz nos
lençóis. Tranquiliza-te.
Ele não funciona, mal
respira.
Porém, eu sei, porque já
o surpreendi,
quando ele pensava que
estava longe, doente ou dormindo:
à noite, nas sombras,
esconde as migalhas
da tua boca nas pregas
das mangas.
Ilustração: Minhas Marés.
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