Jamais d'autre que toi
Robert
Desnos
Jamais
d'autre que toi en dépit des étoiles et des solitudes
En
dépit des mutilations d'arbre à la tombée de la nuit
Jamais
d'autre que toi ne poursuivra son chemin qui est le mien
Plus
tu t'éloignes et plus ton ombre s'agrandit
Jamais
d'autre que toi ne saluera la mer à l'aube quand fatigué d'errer moi sorti
des
forêts ténébreuses et des buissons d'orties je marcherai vers l'écume
Jamais
d'autre que toi ne posera sa main sur mon front et mes yeux
Jamais
d'autre que toi et je nie le mensonge et l'infidélité
Ce
navire à l'ancre tu peux couper sa corde
Jamais
d'autre que toi
L'aigle prisonnier dans une cage ronge lentement les
barreaux de cuivre vert- de-grisés
Quelle
évasion!
C'est
le dimanche marqué par le chant des rossignols dans les bois d'un vert tendre
l'ennui des petites filles en présence d'une cage où s'agite un serin tandis
que dans la rue solitaire le soleil lentement déplace sa ligne mince sur le
trottoir chaud
Nous
passerons d'autres lignes
Jamais
jamais d'autre que toi
Et
moi seul seul seul comme le lierre fané des jardins de banlieue seul comme le
verre
Et
toi jamais d'autre que toi.
Jamais outra que tu
Jamais
outra que tu apesar das estrelas e das solidões
Apesar
das árvores mutiladas no cair da noite
Jamais
outra que tu prosseguiria seu caminho que é o meu
Mais
te afastas e mais tua sombra cresce
Jamais
outra que tu saudará o mar no amanhecer quando cansado de
errar
eu sair dos bosques tenebrosos e dos matagal
de
urtigas caminhando até a espuma
Jamais
outra que tu pousaria sua mão sobre minha fronte e meus olhos
Jamais
outra que tu e nego a mentira e a infidelidade
Deste
navio ancorado que tu podes cortar a corda
Jamais
outra que tu
A
águia prisioneira numa jaula que rói lentamente os barrotes de
cobre
amolecido
Que
fuga!
É
o domingo marcado pelo canto dos rouxinóis nas florestas de um verde terno e o
aborrecimento das meninas frente a uma jaula onde se agita um canário enquanto
na rua solitária o sol lentamente desprega sua linha delgada sobre a calçada
quente
Nós,
outros, cruzaremos outras linhas
Jamais,
jamais outra que tu
E
eu só, só, só como a hera murcha dos jardins do subúrbio, só como o vaso
E
tu jamais outra que tu.
Ilustração:
www.fotolog.com
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